La coupure d'Internet au Sénégal souligne des défis en matière de liberté d'expression et de gouvernance numérique.
Ce lundi 5 février, certains utilisateurs à Dakar, au Sénégal, se sont retrouvés privés d'accès à Internet, une mesure survenue deux jours après l'annonce par le président du report de la présidentielle prévue le 25 février. Cette coupure survient dans un contexte de tension politique marqué par des manifestations et des heurts dans la capitale.
La décision de reporter la présidentielle, une première depuis l'indépendance, a déclenché une vague de protestations et de manifestations qui ont éclaté dès dimanche. L'opposition a vivement réagi à cette annonce et a appelé à manifester, accentuant ainsi les tensions dans le pays. Les citoyens sont divisés quant à la légitimité de ce report, certains dénonçant une manœuvre politique visant à maintenir le pouvoir en place, tandis que d'autres appellent au respect de la décision présidentielle dans l'intérêt de la stabilité nationale.
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Le syndicat des travailleurs de Sonatel, principal opérateur de téléphonie du Sénégal, avait déjà évoqué la possibilité d'une coupure d'Internet, exprimant son désaccord avec toute mesure visant à restreindre l'accès en ligne. Cette coupure, qui intervient dans un contexte de manifestations et de troubles civils potentiels, soulève des questions quant à son objectif et sa légitimité. Certains craignent que cette mesure ne vise à restreindre la liberté d'expression et à limiter la diffusion d'informations critiques à l'égard du gouvernement.
Suspension de l'Internet mobile au Sénégal: Les raisons
Les autorités sénégalaises ont annoncé la suspension « provisoire » de l'Internet des données mobiles à partir du dimanche 4 février à 22 heures. Cette décision a été prise en réponse à la diffusion de messages considérés comme haineux et subversifs sur les réseaux sociaux, dans un contexte de menaces de perturbation de l'ordre public. Les autorités affirment agir dans l'intérêt de la sécurité nationale et de la stabilité du pays, mais cette mesure draconienne soulève des critiques quant à son impact sur les droits fondamentaux des citoyens, notamment leur droit à la liberté d'expression et à l'accès à l'information.
Alors que les députés de l'Assemblée nationale examinent une proposition de loi sur le report de l'élection présidentielle, les citoyens sénégalais restent dans l'expectative quant à la durée et aux motivations de cette coupure d'Internet. Cette mesure soulève des inquiétudes quant à la liberté d'expression et à l'accès à l'information dans le pays. De nombreuses voix telles que le bureau sénégalais d'Amnesty International a condamné cette mesure et demandé au gouvernement de "respecter la liberté de la presse et le droit des citoyens à être informés."
Pour rappel, le gouvernement sénégalais avait déjà suspendu en juin 2023 l’internet mobile. Cela faisait suite à des émeutes provoquées par la condamnation de l’opposant sénégalais Ousmane Sonko à deux ans de prison pour corruption à la jeunesse.
Le ministère de l'Intérieur avait également fait savoir que les réseaux sociaux, comme WhatsApp, Facebook et Twitter, étaient coupés par le gouvernement en raison de la diffusion des messages de haine. La connexion des données mobile a été rétablie 48 heures plus tard.