Malgré une reprise légère en octobre, les levées de fonds en Afrique restent en deçà des niveaux de l'année précédente, révélant des disparités par pays et par secteur.
Comme vous vous en souvenez peut-être, les niveaux de collecte de fonds en Afrique en septembre étaient particulièrement bas. La bonne nouvelle relativement modérée est qu'ils ont légèrement rebondi en octobre. Si l'on ne considère que les fonds propres, les start-ups du continent ont levé 69 millions de dollars le mois dernier, soit une augmentation de 12 % par rapport à septembre (61 millions de dollars). Si l'on ajoute la dette - ainsi que quelques subventions -, le total atteint 148 millions de dollars (+20 % par rapport à septembre).
Cela étant dit, ces chiffres restent largement inférieurs à ceux de l'année dernière : -23 % par rapport à l'année précédente (148 millions de dollars contre 193 millions de dollars) si l'on considère tous les types de financement, et une baisse assez spectaculaire de -60 % par rapport à l'année précédente (c'est-à-dire ÷2,5) si l'on ne considère que les fonds propres (69 millions de dollars contre 169 millions de dollars). En comparaison, en moyenne en 2021-2022, les start-ups en Afrique levaient 330 millions de dollars par mois en fonds propres (376 millions de dollars en incluant la dette et les subventions). Cependant, les chiffres d'octobre 2023 sont plus favorables par rapport aux chiffres d'avant la "vague de financement" : en octobre 2020, les start-ups en Afrique n'avaient levé que 71 millions de dollars (dont 39 millions de dollars en fonds propres).
En ce qui concerne les fonds levés en 2023 à ce jour, le montant total atteint maintenant 2,4 milliards de dollars, dont 1,4 milliard de dollars en fonds propres, bien en deçà des totaux de 2021 et 2022. En 2022, les start-ups avaient déjà levé autant de fonds en avril, avant le début de l'hiver du financement...
Quels pays ont réclamé la majeure partie du financement d'octobre ? Eh bien, ici, la situation est très différente selon que l'on ne considère que les fonds propres ou les fonds propres + la dette + les subventions. En effet, sur les 67 millions de dollars de dette annoncés en octobre, 65 millions de dollars (98 %) sont allés au Kenya et sont à mettre au crédit du prêt de l'IFC à M-Kopa.
Les 12,5 millions de dollars de financement par subventions aux start-ups annoncées sur le continent en octobre sont également allés entièrement au Kenya (Maisha Meds & One Acre Fund). Cela signifie que si l'on considère les fonds propres + la dette + les subventions, le Kenya est en tête avec 53 % du financement levé (79 millions de dollars), suivi de l'Afrique du Sud (25 %), du Nigeria (10 %) et de l'Égypte (6 %). Cependant, si l'on ne considère que les fonds propres, l'Afrique du Sud occupe la première place (37 millions de dollars, 54 %), devant le Nigeria (21 %) et l'Égypte (14 %) ; avec 1,5 million de dollars, le Kenya se trouve en fait à la 6ᵉ place derrière la Côte d'Ivoire et le Sénégal.
Compte tenu de l'importance de la transaction de M-Kopa, le même biais peut être constaté lorsque l'on examine le financement par secteur. En ne considérant que le financement par fonds propres, la fintech a été le secteur qui a attiré le plus de financement en octobre (42 %, 29 millions de dollars), suivi de l'énergie (17 millions de dollars, 25 %). Évidemment cependant, si l'on inclut la dette et les subventions, la part du financement de l'énergie passe à 57 %, tandis que la part de la fintech tombe à 20 %.
Source Africa the Big Deal