Qui est vraiment Jean Luc Konan, et quel a été son parcours avant de fonder COFINA, l'entreprise spécialisée dans la « mésofinance »? Découvrons ensemble son histoire.
Jean Luc Konan est un entrepreneur ivoirien né le 31 Mars 1973 au CHU de Treichville. Il avait moins de 2 kg et a donc appris très tôt à se relever. Les défis il les côtoie depuis tout petit. Pour la petite histoire, il est le fils de Mme Konan née Dicoh Mariam, la 1ère femme chimiste de Côte d'ivoire. Son image a été à cet effet gravée à l'arrière des pièces de 25 FCFA pour lui rendre hommage.
Jean Luc est titulaire d’un master en banque et ingénierie financière de l’Université de Toulouse. Avant cela, il a auparavant obtenu un DESS en banque et finances à l'Université Paris V.
Seuls les fous sont suffisamment fous pour penser qu’ils peuvent réinventer le monde ou ont une chance d’y arriver.
Jean Luc Konan
Jean Luc Konan, un parcours atypique
La carrière de Jean Luc commence d’abord comme auditeur chez Arthur Andersen en 1996 . Il rejoint ensuite BNP Paribas puis Citibank. Il attire alors l’attention des dirigeants de Barclays qui lui proposent la Direction Afrique de l’Ouest et Centrale du Département ‘Extended Coverage Countries’ couvrant 17 pays. Après un passage à la banque panafricaine ECOBANK, il est recruté par la banque nigériane UBA de Tony Elumelu. Il y occupe entre 2008 et 2013, les fonctions d’Administrateur Directeur Général des filiales du Gabon et du Sénégal. Sous son leadership, UBA Sénégal deviendra, en moins de 2 ans, l’une des institutions les plus profitables du pays et du Groupe UBA.
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Je voulais créer une banque mais une banque différente. Une banque capable d'accompagner la coiffeuse, la couturière, le boulanger et leur donner le type de financement qui ferait qu’ils soient les grandes entreprises de demain.
Malgré ses avantages de Directeur Général, il décide d’abandonner ce confort pour démarrer un projet : créer une banque innovante. Pour Jean Luc Konan, l’Afrique se positionne comme le nouveau pôle de la croissance mondiale. Selon lui, le secteur financier doit se repenser pour accompagner plus efficacement la classe moyenne émergente africaine, spécifiquement les PME et les entrepreneurs.
Il décide donc de créer une banque tout à fait différente. Pas une banque pour financer les grandes entreprises. Pas non plus une banque pour faire de la microfinance comme tout le monde. Mais plutôt une banque pour accompagner la coiffeuse, la couturière, le boulanger. Une banque capable de leur donner le type de financement pour faire de ces entreprises de grandes entreprises de demain. En 2013, il lance donc la Compagnie Financière Africaine : COFINA.
Dès le début de son aventure entrepreneuriale, il s’ouvre à quelques aînés, d’éminents banquiers à qui il présente son idée. Ces derniers le découragent avec des phrases du style : « Ne fais pas ça, tu vas perdre de l’argent ». « On ne peut pas prêter à cette clientèle elle n’est pas fiable ». « tu es déjà directeur général d’une banque, tu veux quoi au juste ? ».
Que faire face à de tels conseils surtout venant de ses aînés ? Croyant en ses motivations et surtout en sa vision, le natif de Treichville persiste dans cette ambition aussi démesurée qu’irréalisable. Il réunit alors quelques amis qui nourrissent la même vision que lui. Puis il leur dit : « Si on arrive à travailler religieusement pendant quelque temps on pourra accomplir quelque chose de grand ».
La vision de COFINA répond à une problématique existentielle dans le milieu de l’enrepreneuriat. En effet, une méfiance perdure entre les banquiers et les entrepreneurs. Cette méfiance est profondément ancrée dans les mentalités africaines.
En Afrique, les crédits accordés au secteur privé représentent moins de 20 % du PIB, contre 255 % aux États-Unis. En plus seulement 6,4 % des PME ont accès aux financements bancaires. Le problème d’accès au financement concerne de façon disproportionnée les PME de taille intermédiaire. Les plus fragiles peuvent s’adresser aux institutions de microfinance. Quant aux plus solides, elles s’adressent aux banques « classiques ». Mais celles qui recherchent des crédits compris entre une dizaine de milliers d’euros et 500 000 euros sont bien souvent « ignorées ». Une tendance à inverser pour booster le secteur privé en Afrique subsaharienne, moteur de l’investissement et du développement. C’est donc pour répondre à ces besoins qu’il se lance dans la misofinance.
Jean Luc et ses amis débutent les activités de COFINA en Guinée et obtiennent leur première licence en 2014. ils rencontrent cependant d’autres obstacles. En effet, la vision était si grande que certains avaient des doutes. Plusieurs personnes se demandaient si cette nouvelle banque ne cachait pas une escroquerie ou un blanchiment d’argent. Mais finalement Jean Luc réussit le pari de conquérir l'Afrique et de prendre le contre-pied des banques classiques en misant sur l’informel. Pour lui, s’installer dans plusieurs pays est aussi une façon de mutualiser les risques dans un continent où les troubles politiques sont présents.
Aujourd’hui, COFINA est donc présent dans sept pays africains. Ce sont notamment le Sénégal, la Guinée, la Côte d’Ivoire, le Gabon, le Congo, le Burkina Faso, le Mali et s’apprête à attaquer son huitième marché, le Togo. L'entreprise compte 1340 collaborateurs, 174.963 clients dont 43% sont essentiellement composés de femmes, ainsi que des commerçants informels et des petites entreprises. COFINA c’est 83.788 projets financés,et 134 milliards de dépôts/ ressources immobilisés. Quant à son total bilan, il s’établissait fin décembre 2019 à 212 milliards de F CFA pour environ 146 milliards de F CFA de crédits distribués et 545 milliards de production totale de crédit depuis le démarrage.
En 2019, Jean Luc Konan a remporté le prix AIFA du meilleur Chief Executif Office. Il a rachèté la même année 70% du tour de table l’institution de Microfinance Mimoye. Cette structure est dédiée aux femmes dont les difficultés étaient connues du régulateur.
Et vous, que savez-vous de Jean Luc Konan?