Startup Medias

collapse
...

Interview: Stéphane Allou (CFO de Digital Africa) : « Les startups ivoiriennes doivent prendre toute leur place »

2025-07-17  La Rédaction  1,061 views

Economiste de formation et CFO de Digital Africa, filière de Proparco, membre du groupe AFD, Stéphane Allou s’est prononcé sur le défi de financement des startups en Côte d’Ivoire. C’était à l’occasion de la première édition de l’Ivoire Tech Forum qui s’est tenu, du 9 au 11 juillet 2025, au Sofitel Hôtel Ivoire d’Abidjan-Cocody. 

Comment appréciez vous l’environnement de la tech aujourd’hui en Côte d’Ivoire ?

Le ministère de la Transition numérique et de la digitalisation fait un gros travail. On a vu à l’ouverture de ce forum, il y a eu une importante participation des membres du gouvernement avec à leur tête le Premier ministre Robert Beugré Mambé’ Cela démontre de la place que le gouvernement accorde à la tech et de l’ambition de l’Etat envers cette technologie.  La Côte d’Ivoire reste un grand pays de l’Afrique de l’ouest, un hub économique, culturel. Nous avons un marché très important, la Côte d’Ivoire a une spécificité par rapport aux autres pays, les startups sont en train de se développer, de se structurer. L’accompagnement du ministère est en train de se développer. On a eu le startup Act qui permet de faciliter la création des startups.  Donc la Côte d’Ivoire va se positionner très rapidement comme un hub sous régional.  On avait des pays comme le Sénégal qui était un tout petit peu en avant au niveau législatif, au niveau de la régulation des startups mais ces startups dans tous les cas ces startups viennent vendre ici, à Abidjan parce que le marché se trouve à Abidjan. Donc il ne reste que les startups ivoiriennes qui doivent émerger pour conquérir ce marché

Quels sont les défis à relever ? 

Les taux d’accès aux prêts bancaires sont très élevés. La microfinance n’a pas réussi à combler ce gap parce que les taux sont trop élevés, donc le défi, c’est l’accès au financement. Ceux qui peuvent financer ce sont les Vici comme Digital Africa, les entreprises de Ventures capital qui sont prêtes à prendre ces risques parce que la plupart des entreprises de ventures capital investissent dans les Big for Nigéria, Kenya, Afrique du Sud, Egypte.  Mais les entreprises comme Digital Africa viennent sur des terrains comme la Côte d’Ivoire, le Sénégal, notamment ici où nous avons plusieurs startups dans le Portefolio donc le premier défi c’est l’accès au financement. On a également le défi de l’éducation, à la formation parce qu’il se former sur ces métiers de la tech, comprendre le codage. C’est aussi un défi. Une Digital Africa finance aussi des bourses d’étude pour que les étudiants puissent se former gratuitement, dans le cadre d’un partenariat avec l’institut universitaire d’Abidjan (IUA).  Une fois qu’on a réussi à combler ce premier gap qui est l’éducation, la passion et la volonté d’entreprendre et derrière ce deuxième gap qui est le financement.  
 Derrière il faut se faire accompagner, il faut toujours rester dans un réseau, être toujours en visibilité, en écoute aussi ce ceux qui ont déjà réussi ou qui ont déjà échoué parce qu’il ne faut pas se leurrer, ce n’est pas parce qu’on lance une entreprise qu’automatiquement, on va réussir, parfois il faut faire deux ou trois essais ou trois échecs pour pouvoir réussir. Mais si vous êtes accompagnés. Si vous êtes dans un réseau, un écosystème qui vous permet de bénéficier du conseil, du mentorat, cela peut vous éviter de tomber dans certains pièges

On parle beaucoup de manque de structuration des entreprises ivoiriennes, qu’en pensez-vous ?.

La Côte d’Ivoire est en avance sur ce point. Depuis les années 2010-2015, il y a volonté de simplifier l’accès de simplifier l’accès à l’entrepreneuriat à travers le Guichet unique du Cepici, la startup Act a été par la suite lancée, donc le gouvernement a une volonté de simplification à ce niveau. On n’y est pas encore parce que la question des startups est spécifiques, il faut donc une réglementation spécifique  au niveau fiscal et légal mais ça arrive  et avec des acteurs comme le ministère de la Transition numérique qui a une vision à 360°, qui comprennent les besoins des startups et qui sont à l’écoute des startups et des organisations comme la nôtre qui ont la même approche et à l’écoute des startups , je pense que nous allons réussir à faciliter cette structuration non seulement de l’écosystème mais  aussi la formalisation des startups parce que là on est sur un domaine mais la formalisation des entreprises ça touche tous les secteurs  mais dans le domaine des startups il y en a qui travaillent tout de même dans la formalisation. On a vu la poste qui est très intéressée par la digitalisation des services de l’Etat. Je pense que cette capacité qu’on les services numériques vont permettre aux startups de se structurer et c’est plus facile quand on a un acteur comme le ministère qui lui-même est à la baquette pour faciliter la structuration des entreprises. 

Au cours du forum, le ministère de la Transition numérique a annoncé un fonds de financement des startups d’une valeur de 100 millions F CFA ; Comment se positionne Digital Africa dans le cadre de cette vision ? 

Nous, nous sommes une filiale de Proparco, qui est une agence qui existe déjà avec des financements déjà structurés et donc nous on ne peut qu’accompagner ce type de projet du ministère. Justement nous sommes en discussion avec le ministère de la Transition numérique pour accompagner ce type de projet.  Ce n’est pas nous qui allons investir dans le fonds mais par contre on peut abonder, c’est-à-dire, à l’investissement du ministère à un montant X, nous on vient pour compléter ce fonds pour permettre à la startup d’atteindre son taux de levée de fonds.  Donc on peut abonder et dans notre rôle de catalyseur amener d’autres Vici au niveau international comme Lounge Africa, savio Venture, Orange Venture, on a des Orange digital Center (ODC) qui sont très présents ici en Côte d’Ivoire, amener les acteurs internationaux comme la BIPI à aller dans ce sens, à abonder en financement mais aussi en accompagnement et cela démultiplie les opportunistes pour les startups.  C’est ce qui est le plus important.  Notre objectif est de donner aux entrepreneurs tech, les clés du succès, à travers l’accès au financement mais aussi l’accompagnement de leurs différents projets en fonction de leurs différents besoins. 

Un mot sur le forum pour terminer ? 

 Je suis fier de ce forum parce que même si je travaille dans un fonds international aujourd’hui, à titre personnel j’ai grandi dans ce pays et donc je suis fier que la Côte d’Ivoire se positionne ou ait l’ambition de se positionner comme un hub sous-régional au niveau de la tech. Je pense qu’il faut accompagner cette initiative, c’est pour cela que nous sommes là. La vision du ministère est bonne, nous en avons parlé c’est une approche à 360° et il faut poursuivre dans ce sens et derrière, il faut garder en tête que derrière ces startups vont permettre d’endiguer le chômage. C’est ça l’objectif aussi, avoir un cercle économique vertueux et donc nous avons tout ça en tête. C’est pour cela que cette première édition de ce forum est une très bonne nouvelle dans l’écosystème numérique et j’espère que non seulement ça va se répéter et au fur à mesure on aura de plus en plus de participants de très grandes qualités, c’est déjà le cas, on espère que le mot va être passer et que les années prochaines on aura une édition encore plus belle.

Entretien réalisé par Eugène YAO  pour StartUp Médias  


Share:

Leave a comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *