SYLLA Adama Junior, Consultant en charge d’un programme d’incubation et d’accélération
Les startups ivoiriennes rencontrent très souvent des difficultés. Les porteurs de projets peinent à voir leurs idées éclorent. Quelles en sont les raisons ? Y’a-t-il des solutions. Startup Webzine a pu rencontrer SYLLA Adama Junior. Consultant en charge d’un programme d’incubation et d’accélération et également Project leader du concours Moov Innovation 2019. Il nous donne son avis sur le sujet.
Un entrepreneur ne peut mener à bien tout seul son projet. Il aura besoin de compétences, de personnes qu’il pourra entraîner dans sa vison grâce à son leadership
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Je suis SYLLA Adama Junior. Consultant en charge d’un programme d’incubation et d’accélération. Je suis également titulaire d’un master en développement option Management de projet obtenu à l’université Senghor d’Alexandrie (Égypte), d’une licence en technique comptable et financière obtenu au CESAG (Dakar). Je suis entrepreneur, j’ai cofondé le cabinet jeunes élites, un cabinet conseil spécialisé en gestion.
Pour vous, quelle est/sont la ou les difficultés rencontrée(s) par les porteurs de projets qui désirent lancer une startup ?
Les difficultés rencontrées sont aussi diverses que variées. Je me ferais fort de les regrouper en trois axes. D’abord, la difficulté liée à l’entrepreneur lui-même. L’une des difficultés dans notre écosystème c’est la disposition aux aptitudes et aux compétences pour construire et développer une idée.
Avoir une idée de projet ne fait pas de vous un entrepreneur.
A cela s’ajoute le cadre. En effet, notre pays ne dispose pas de cadre clairement défini pour l’encadrement et l’accompagnement de ces porteurs d’idée. Même s’il est vrai que le gouvernement fait des efforts avec le guichet unique pour les formalités, des agences d’encadrement, des exonérations fiscales etc… La seconde difficulté est liée à la capacité à pouvoir transformer l’idée en offre véritable. Une offre qui pourra capter une part de marché et un environnement pour une croissance.
Tout le monde ne peut pas entreprendre. Par contre tout le monde peut contribuer à l’émergence d’une nouvelle classe d’entrepreneur au plan local.
Pour finir, je vais évoquer les difficultés d’accès à l’information donc
aux marchés et diverses opportunités de l’environnement. Egalement des
financements adaptés aux différents stades de leur évolution.
Face à de telles difficultés, quels types de solutions seraient adéquats selon vous, pour garantir un encadrement idéal pour les startup ivoiriennes?
Déjà, il faut comprendre que tout le monde ne peut pas entreprendre. Par contre tout le monde peut contribuer à l’émergence d’une nouvelle classe d’entrepreneur au plan local. Au final l’entrepreneur ne peut mener à bien tout seul son projet. Il aura besoin de compétences, de personnes qu’il pourra entraîner dans sa vison grâce à son leadership. De ce fait avoir une idée de projet ne fait pas de vous un entrepreneur. Il faudra donc demander à nos porteurs de projets de s’auto-évaluer afin d’établir leur profil et de travailler à développer les aptitudes et compétences dont ils ne disposent pas encore.
Voir aussi: MOOV CI ANNONCE LA 2e EDITION DU CONCOURS MOOV INNOVATION
Il y a également ceux qui n'ont pas la capacité de surmonter l’adversité, prendre le risque au quotidien ou tout simplement ne se sentent pas capables d’entreprendre. Pour eux, il faut déjà travailler à pourvoir assumer des responsabilités dans une équipe et pouvoir développer les compétences nécessaires. Aussi, faut-il travailler au niveau des OSE (organisme de soutien aux entreprises) à créer un cadre pour faciliter l’accès à leur service, les cartographier, et vulgariser leurs activités.
Pour l’État, il devient crucial de créer un statut relatif aux start-ups
avec une fiscalité et des mesures favorisant leur développement comme c’est le
cas dans de nombreux pays.
En ce qui concerne l’accès à l’information et aux opportunités du marché, il faudra définir des canaux officiels. Pour le financement, en plus des acteurs classiques (banque, fond de placement, business angel,etc) il est important que la population de manière générale s’intéresse à la vie de nos entrepreneurs dès le départ. Elle ne doit pas hésiter à prendre des participations pour le développement des projets. Elle ne doit pas hésiter à acheter et tester de nouveaux produits et ou service, créer des espaces dédiés à la promotion de ces start-ups et favoriser les levées de fond.
Vous avez accompagné les lauréats du concours moov innovation dans la concrétisation de leurs projets en entreprises viables. Quels étaient les secteurs sur lesquels vous interveniez?
Le concours Moov innovation est un concours qui a deux catégories, la catégorie application et la catégorie startup. Les deux premiers de chaque catégorie en plus du financement de MOOV CI, bénéficient d’un programme d’incubation et d’accélération. Mon rôle est de construire et de mettre en œuvre la feuille de route qui permettra à ceux du programme d’incubation de pourvoir développer leur idée en une offre véritable et de se lancer sur le marché.
Quant à ceux du programme d’accélération de se développer et passer au palier suivant. Le programme d’incubation est construit autour de 3 grands axes à savoir le renforcement de capacité, le développement de l’idée et la mise à disposition des commodités de travail. Le programme d’accélération quant à lui comprend le renforcement de capacité, l’assistance et conseil, le business développement, le réseautage /évènements et la mise à disposition des commodités de travail.
Avec la crise du Covid 19, de nombreuses startup ivoiriennes et PME sont un peu à la ramasse quant à leurs activités et chiffres d'affaires. As-tu des conseils à donner dans ce sens?
Cette crise, due au COVID-19 est très
éprouvante pour nos économies. De nombreux entrepreneurs en souffrent, tandis
que d’autres ont su rapidement s’adapter. Être entrepreneur, c’est avant tout
avoir la capacité à tirer profit de chaque situation, il faut s’adapter et
rester flexible aux variations de son environnement. Il faudra bien analyser la
situation et bien jouer ses cartes. Aussi, il faudra anticiper. De nombreux
pays annoncent pour bientôt la fin du confinement, il faudra rapidement
réorienter son offre en tenant compte des nouvelles données. Repenser ces
circuits de distribution, construire une relation avec ses clients, se
reconvertir si nécessaire.
Aujourd'hui, de nombreux porteurs de projets ont besoin d'encadrement et de
formation pour réussir leur activité. Comment ces porteurs de projets
pourraient bénéficier de tes conseils et de cet accompagnement que tu proposes?
J’ai pour coutume de dire en effet qu’il n’existe pas d’accompagnement standard chaque projet est unique. L'accompagnement ne saurait pas se limiter à une série de formation. Il faudra avant tout un diagnostic qui nous permettra de nous accorder sur les objectifs, de faire l’état des lieux et ensuite nous pourrons établir une feuille de route adaptée aux contraintes de chaque projet.
C'est l'approche que nous prônons. Je reste donc disponible pour tous ceux qui veulent m’embarquer dans leur aventure. Je suis également joignable aux adresses sur adamajr.sylla@gmail.com /a.sylla@colab.ci et sur les réseaux sociaux.